Par ma participation à la rencontre organisée au Ministère de l’Education Nationale la semaine dernière, et à l’accueil de Mme Najat Vallaud-Belkacem dans notre département de l'Indre, j’ai eu à cœur de réaffirmer solennellement l’attachement des maires de France au respect du principe de laïcité et l’urgence de traiter ce sujet sous l’angle concret qui est celui des maires.
J’installerai avec le Président de l’Association des Maires de France (AMF) mercredi 21 janvier 2015 le groupe de travail laïcité de l’AMF qui est chargé, après un état des lieux, de formuler des propositions concrètes et de proposer un texte qui pourrait être un document référence sur lequel les maires pourraient s’appuyer.
Je tiens à ce que les travaux de ce groupe de travail soient alimentés par les retours d’expériences des maires sur le terrain, tant sur les difficultés rencontrées que sur les initiatives locales mises en œuvre. Les associations départementales ont notamment été sollicitées à cet égard le même jour.
Dans le contexte de réaffirmation des valeurs qui fondent notre République et considérant la dimension transversale des sujets précis à traiter, j’ai mobilisé les instances de l’AMF et les membres de notre association pour y participer en faisant part de leurs propres réflexions, problématiques ou initiatives locales relatives à la laïcité dans les services publics quels qu’ils soient (école, périscolaire mais aussi accueil du public, sports, culture, etc…).
J’appelle à la mobilisation des Maires, piliers de la République décentralisée, pour faire vivre nos valeurs fondatrices : liberté, égalité, fraternité, laïcité.
André LAIGNEL
André Laignel, Premier vice-président délégué de l'Association des Maires de France répond à l'interview de Mathieu Castagnet publiée dans les Colonnes de la Croix en date du 16 janvier 2015.
L’association des maires de France lance une consultation auprès des élus afin d’identifier les questions concrètes qui posent problème aux élus en matière de respect de la laïcité.
En première ligne face aux tensions qui se développent entre l’exigence de laïcité et les demandes particulières, les élus municipaux s’avouent parfois un peu désemparés. Pour tenter de cerner le problème, l’Association des maires de France lance donc une grande consultation auprès de ses adhérents afin de cerner les questions qui posent problème et tenter d’y remédier.
« Dans la plupart des cas, la réglementation existe. Elle est même très volumineuse, avec des guides de la laïcité édictés par divers organismes, des chartes et circulaires par dizaines. Ce qui manque, en revanche, c’est un mode d’emploi clair qui puisse servir de référence aux élus locaux », constate André Laignel, maire PS d’Issoudun (Indre) et premier vice-président de l’AMF.
L’école en première ligne
Les sujets les plus susceptibles de poser problème sont en fait assez largement connus. Ils tournent beaucoup autour de l’école, comme l’ont rappelé les élus locaux qui ont rencontré jeudi la ministre de l’éducation nationale.
Le port du voile par les parents accompagnant les sorties scolaires reste ainsi un sujet de débat. Surtout, les cantines constituent un sujet récurent, même si en la matière les communes n’ont en fait aucune obligation, pas même celle de proposer un service de restauration scolaire.
Les menus contestés
À Issoudun, comme dans beaucoup de villes, la cantine existe bien. Elle propose même tous les jours deux plats, dont l’un sans porc, et du poisson le vendredi. « C’est une habitude, pas un droit », justifie André Laignel. En revanche, il assure qu’il faut bien faire comprendre aux parents « qu’ils ne peuvent pas exiger de la viande hallal ou casher. Nos menus sont faits par des diététiciens, pas par des responsables religieux ».
D’autres questions sont moins souvent soulevées mais peuvent s’avérer plus délicates à trancher, relève Jean-Christophe Lagarde, maire UDI de Drancy, en Seine-Saint-Denis. Que faire, par exemple, quand un enfant refuse systématiquement de manger de la viande pour des raisons religieuses ? « Bien sûr, on ne va pas le forcer, répond l’élu. Mais dans le même temps, c’est totalement contradictoire avec la circulaire qui détaille très précisément quels sont les apports nécessaires pour assurer une alimentation équilibrée ».
Absence lors des fêtes religieuses
Le maire de Drancy juge également qu’un clair rappel des règles s’impose en matière d’absence pour les agents communaux. « J’ai eu le cas d’une professeur du conservatoire de musique qui voulait ne pas venir pour Kippour alors que c’était une période d’examen pour ses élèves. Ou des demandes d’absence d’un agent qui nous prévenait au dernier moment qu’il ne serait pas là un lundi pour cause de Ramadan. Quand cela nuit au bon fonctionnement du service public, je refuse. Et cela se termine parfois au tribunal », déplore-t-il.
Le besoin de réponses uniformes
L’association appelle donc les maires à faire remonter les questions pratiques qui peuvent se poser à eux. Avec l’ambition de présenter en avril prochain des propositions au gouvernement afin de faire émerger, en concertation avec l’État, un « cadre commun et concret facilitant au plan local la mise en œuvre de ces principes ».
Plus qu’une nouvelle réglementation, les élus insistent en fait sur davantage de coordination et d’uniformité. « Il faut que la règle soit claire pour qu’elle puisse être la même partout, insiste André Laignel. Sinon cela finit par créer des situations incompréhensibles et donc intenables ».
Mathieu Castagnet