A neuf mois des municipales, André Laignel évoque, dans les colonnes de la Nouvelle République en date du 11 juin 2013, ses derniers grands chantiers. L’occasion aussi de dresser avec lui un premier bilan de son 6ème mandat.
"Je ne fais pas de la politique spectacle !"
Ce 6e mandat qui s'achève n'est-il pas plus difficile que les précédents ?
« Assurément. Depuis quatre ou cinq ans, les collectivités territoriales subissent une baisse de moyens. La crise se ressent aussi dans la population, je veille donc à ne pas entamer davantage par mes actions le pouvoir d'achat des concitoyens tout en maintenant la volonté de développement. Signes de ces difficultés : nos charges d'aides sociales ont augmenté de 25 % en trois ans ! »
Municipales : " Ma décision est prise "
Vous avez réussi à maintenir l'emploi, notamment avec votre première proposition concernant la réalisation d'un « village d'entreprises », sans pour autant parvenir à développer l'emploi qui était votre objectif. N'est-ce pas un demi-échec ?
« J'ai créé un village d'entreprises et la première entreprise industrielle de la ville m'a demandé 3. 000 m2 car elle avait un gros carnet de commandes. Certes, ce village n'a pas été fait pour ça mais aurait-il été raisonnable de lui refuser ? Je suis sûr que c'est une consolidation. Je lance par ailleurs une seconde tranche de 2.000 m2 qui pourrait se scinder en deux ou en quatre. Mais si j'avais une demande solvable, je suis capable de construire des bâtiments en six mois. »
N'attendiez-vous pas davantage d'écoute et d'attention du gouvernement, notamment en ce qui concerne les collectivités locales ?
« Le dialogue existe, ce qui n'était pas le cas auparavant. L'écoute aussi, je le crois. La situation est difficile. Les caisses sont vides. Il faut donc essayer d'être intelligents et imaginatifs. Le Premier ministre doit nous recevoir à nouveau dans quelques semaines. Attendons avant de tirer des conclusions. »
L'opposition municipale pense pouvoir profiter de la fronde anti-Hollande pour gagner les élections. Y voyez-vous un risque localement ?
« En 2001, j'avais fait autour de 63 %. Même s'il y a une érosion, on peut se dire qu'il reste de la marge… Mais je n'aime pas ce genre de projections. Ma conviction est que là où les maires ont fait correctement leur travail, où leurs compétences sont reconnues et où ils ont su garder le lien avec la population, l'impact sera moindre car c'est d'abord une élection locale. »
Pourquoi n'avoir jamais octroyé un poste à l'opposition dans une commission ?
« L'opposition est dans les commissions officielles, mais on ne la voit pas souvent. Elle a, à plusieurs reprises, évoqué le souhait de participer à celle d'économie. Je lui ai dit que mon bureau était ouvert pour parler de ce dossier mais elle n'est jamais venue. Pour le reste, je fonctionne avec des groupes de travail mais là, c'est non ! »
Pourquoi attendre le dernier moment pour dire si vous serez candidat ?
« Ma décision est prise. Je la garde pour moi tant que mon mandat n'est pas fini. Je suis maire à part entière jusqu'à la prochaine élection. »
Après six mandats, peut-on encore se renouveler ?
« Je me poserai deux questions : as-tu des projets ? Puis-je être utile à ma ville ? Ce sont des choses décisives. Et aussi aurai-je l'enthousiasme car comme dit René Char : c'est l'enthousiasme qui lève le poids des années ! »
Au terme de ce sixième mandat, de quoi êtes-vous le plus fier ?
« Je ne fais pas de la politique spectacle. Je suis fier de l'IUT alors que personne ne croyait en nos chances ; du pôle image et formation ; du musée… Ma politique, c'est d'essayer que l'on soit bon dans tous les domaines et de répondre à tous les enjeux. »
Les grands chantiers de la fin de mandat
Économie. D'ici la fin de l'année, les travaux d'extension du village d'entreprises vont débuter. La construction de 2.000 m2 de bâtiments modulables est prévue dans un premier temps.
Environnement. Plusieurs dossiers à venir. Les études pour l'installation d'une chaufferie biomasse pour les« bâtiments énergivores » que sont les gymnases, l'Elf, la piscine, l'hôpital, les lycées… ont démontré la faisabilité du projet. « Les partenaires du projet que sont la Région, la commaunté de communes, la Ville, l'hôpital, ont tous donné leur accord. Nous allons pouvoir commencer la mise en œuvre. » Même chose pour le projet de parc photovoltaïque sur l'ancienne décharge de Sainte-Aoustrille : là encore, les études sont terminées ; reste à souscrire aux appels à projets de l'État. Enfin, passées les festivités du 14 Juillet, la Ville va attaquer la rénovation du parc des Champs-d'Amour.
Urbanisme et logements. Parallèlement aux rénovations de bâtiments engagées par Scalis, la Ville prévoit divers travaux d'urbanisme dans les quartiers concernés (Nation, Bel-Air). En centre-ville, la restauration des places du Marché à l'Avoine, du Marché-aux- Légumes et Saint-Jean, va débuter. Des travaux qui impacteront également les rues Surerie et Grande-Narette.
Sport. Trois structures vont faire l'objet de travaux de modernisation et d'extension dans les prochains mois : Jean-Macé, l'ensemble de loisirs sportifs et le dojo.
Nouveau contrat de Pays. Ce contrat porte sur 7,5 M€ de subventions sur les cinq prochaines années. L'objectif est de le signer avant fin 2013. L'heure est au recensement des projets dans les diverses communautés de communes du Pays.
Un contrat local de santé. Né des Assises régionales de la santé, ce contrat local a pour ambition de préserver l'offre en matière de santé dans le bassin d'Issoudun.« Nous en sommes au chiffrage des coûts et aux recherches de financements. »
Des états généraux des seniors. Ils auront lieu fin septembre, début octobre.
Petite enfance. Un nouveau contrat enfance-jeunesse va être signé avec la Caisse d'allocations familiales. Il abordera les questions liées aux rythmes scolaires et à l'amélioration de l'offre pour la petite enfance.
Opération programmée de l'habitat. Trois axes : la lutte contre la précarité énergétique ; la lutte contre les habitats insalubres ; les aides à la rénovation des façades et des vitrines.
Propos recueillis par Martine Roy et Emmanuel Bédu.
Article paru dans l'édition du 11 juin 2013 de la Nouvelle République.