Dans un article en date du 29 février 2012, la Nouvelle République du centre Ouest titre : "Laignel : Je trouve que la passoire est déjà large !”. André Laignel évoque le débat sur les 500 signatures nécessaires pour tout candidat à la présidentielle qui est clos et pourtant, le problème reste entier. Qu’en pense A. Laignel ? Le Secrétaire général de l'AMF répond aux questions d'Emmanuel Bedu.
Il est visiblement de plus en plus difficile pour les petits candidats à la présidentielle de trouver les cinq cents signatures. Le secrétaire général de l’Association des maires de France trouve-t-il cette situation normale ?
Je ne suis pas sûr que ce soit plus difficile mais c’est le même débat à chaque fois. On pense qu’il y aura une dizaine de candidatures et c’est dans la moyenne des élections. Mais c’est vrai qu’il y a eu davantage de demandes, cette fois. Personnellement, j’en ai reçu une cinquantaine !
Que pensez-vous de la décision du Conseil constitutionnel qui a dit non à l’anonymat des signatures ?
Elle était imparable. Il y a les textes et le Conseil constitutionnel s’est contenté de donner une leçon de droit .
L’absence du Front national, pour cette raison, à l’élection présidentielle, vous semblerait-elle choquante pour la démocratie ?
Je n’y crois pas un instant. A chaque fois, le FN use de la même opération médiatique. Mais si c’était le cas, ce serait la marque d’un profond rejet des élus du peuple. Cela ne me choquerait pas. Il y a tout de même plus de 40.000 parrains possibles !
Le président de l’AMF, Jacques Pélissard, estime qu’il y a confusion entre parrainage et soutien. Partagez-vous cette vision des choses ?
Non, dans ma conception, quand on est parrain, c’est qu’il y a soutien. Le parrain d’un enfant se substitue aux parents s’ils disparaissent !
Un double parrainage vous paraîtrait-il une solution ?
Tout peut être une solution mais je n’y suis pas favorable car cela entraînerait la confusion. La plupart des maires se refuseraient à cette palinodie. C’est une prérogative personnelle du maire et pour cela, il ne sollicite pas le conseil municipal.
Le congrès des maires aurait été l’occasion d’en débattre car ce n’est pas la première fois que la question se pose. Cela a-t-il été évoqué lors du dernier congrès ?
Cela a été évoqué, bien sûr, car nous avons tous été démarchés par des candidats putatifs, mais pas davantage.
Que préconisez-vous ?
Je ne trouve pas que le système soit mauvais mais je ne dis pas que ce soit le seul. Je trouve que la passoire est déjà large. Ce qui me paraît une évidence, c’est qu’il faut un filtre car il ne serait pas raisonnable qu’il y ait cent cinquante candidats. Est-ce que cela servirait la démocratie ? Ce n’est pas une élection de témoignages. On pourrait imaginer un nombre de signatures de citoyens, le score que le parti a fait aux dernières législatives. On peut trouver des passerelles.
Et vous, avez-vous toujours donné votre signature au PS ?
Toujours. C’est une question de loyauté. Et je me revendique d’un parti, donc c’est un soutien politique. Et puis, chaque candidat revendiquera, le jour J, son ancrage en évoquant son nombre de signatures. C’est un élément de la campagne.
Si un élu socialiste, apportait sa signature au FN, il s’exclurait des rangs ” déclarait Martine Aubry, il y a quelques jours dans «Aujourd’hui». Cela vous paraît être une bonne décision ?
On ne peut pas être socialiste et parrainer un élu d’extrême droite. L’acte d’un élu est forcément un acte politique car c’est un homme public !
article rédigé par Emmanuel Bédu