Face aux grands chantiers de la fin du mandat

Entretien publié dans les colonnes de la Nouvelle République en date du 26 juin 2017.

Les investissements, la sécurité, les impôts. André Laignel passe en revue les grands thèmes des dix-huit prochains mois.

 

Vous dénoncez une situation de plus en plus compliquée pour les finances locales. Ces difficultés compromettent-elles certains projets de votre programme électoral ?

"La totalité des engagements pris lors de l'élection 2014 sera tenue. Certains projets ont parfois été décalés d'une année sur l'autre, mais tous se feront. Y compris certains qui n'étaient pas prévus, comme la réfection du terrain d'honneur de Mérillac. Aujourd'hui, la quasi-totalité du financement de ces projets inscrits dans mes propositions est trouvée, grâce notamment à un préfinancement de tous les investissements. Et ce sans augmentation d'impôts ni dettes pour la Ville. Que les donneurs de leçons m'expliquent comment ils feraient mieux !"

Les impôts sont stables depuis quatorze ans. Vous pensez pouvoir les maintenir jusqu'à la fin du mandat actuel ?

"C'est ma volonté autant que possible. La certitude, c'est que nous ne toucherons pas aux taux en 2019, pour la quinzième année, tout en continuant à investir. On prévoit autour de 13ME de travaux sur les dix-huit à vingt prochains mois, hors investissements sur la santé et sur le logement qui sont, eux aussi, considérables, mais qui ne relèvent pas directement de la Ville."

Quels sont ces chantiers ?

"Certains sont en cours. D'autres vont être lancés. 3 ME sont prévus pour l'emploi avec la création du Pôle tertiaire dans l'ancien tribunal, l'agrandissement de la zone industrielle pour l'extension de Vivarte ; 6 ME iront à l'énergie et l'environnement (le réseau de chaleur, les travaux de voirie, un plan lumières) ; 2,5 ME pour le domaine sportif (aménagement de l'ex-Relais des marques, réfection du terrain d'honneur de Mérillac et de la patinoire) ; 1,5 ME pour l'éducation et la culture (avec le parc de sculpture et la rénovation de Léo-Lagrange)."

A quoi servent ces États généraux lancés début 2018 ?

"On les appelle « Horizon 2030 ». Ce sont des groupes de travail réunissant entre vingt et quarante personnes invitées à réfléchir sur des axes d'actions et propositions concrètes sur six thématiques : l'économie et le commerce ; les seniors ; l'éducation, la jeunesse et les sports ; le tourisme ; la culture et l'enseignement supérieur ; la santé. Ces États généraux permettront d'élaborer un Schéma de cohérence territoriale à l'échelle de la communauté de communes pour les dix prochaines années."

Le commerce est en souffrance, comme c'est le cas dans beaucoup de petites et moyennes villes. Quels sont vos moyens d'action ?

"Nous n'avons pas attendu pour nous préoccuper de ces questions. On a investi dans le centre-ville : on a refait les places, lancé une opération d'aide à la rénovation des façades, investi pour la voirie, maintenu et développé des services publics tels que la Maison de l'enfance, pour créer du dynamisme. Les friches laissées par l'État, comme le commissariat et le tribunal, mobilisent aussi des investissements importants. Avec l'opération Cœur de ville j'entends aller plus loin et mettre en œuvre un vaste dispositif urbain, financier, administratif et juridique pour aider au redémarrage du centre-ville. Mais tout sera fonction des moyens financiers qu'on nous accordera."

“ La sécurité n'est pas une affaire de caméras ”

Parlons sécurité. Les incendies de voitures de la fin mai ont relancé le débat sur les caméras de surveillance. Votre point de vue a-t-il évolué ?

"Non. La sécurité n'est pas une affaire de caméras mais d'hommes et de femmes sur le terrain, pour faire un travail de prévention et de médiation, ce qui relève du rôle de la Ville, ou, si nécessaire, de la répression, ce qui est la fonction de l'État."

Un renforcement de la police municipale peut-il être envisagé ?

"Peut-être. On est en train de travailler à une coordination de notre action avec le préfet et la gendarmerie. Nous verrons ce qui se négocie. La Ville est prête à prendre sa part, en sachant que nos moyens sont modestes. J'attends aussi une réponse à ma demande de moyens supplémentaires avec la police de sécurité au quotidien. Ce sujet m'a toujours préoccupé et j'ai fait ce qui était de mes compétences. Malheureusement, il n'y a pas de solution magique. Mais comme l'a dit la procureure, Issoudun reste heureusement une ville statistiquement calme, malgré les événements récents."

La population, elle, a parfois le sentiment que des faits de délinquance existent mais sont cachés à votre demande. Qu'en est-il ?

"C'est une fable urbaine ! Les seuls détenteurs de l'information sont la procureure de la République et la gendarmerie. Jamais de ma vie je ne suis intervenu auprès d'eux. J'apprends, moi aussi, certains faits dans la presse et je fais partie de ces maires qui revendiquent une meilleure information de la police et de la gendarmerie sur ce qui se passe dans nos villes. Je n'ai aucun avantage à ce que les faits restent cachés. Au contraire : j'aurais plutôt intérêt à les faire connaître si je veux qu'on m'accorde plus d'effectifs pour la sécurité."

 

"Candidat ou pas, je ne serai pas loin ”

Membre associé du bureau national du Parti socialiste, André Laignel est conscient des enjeux des prochaines municipales dans l'opération de reconquête de son parti. Sera-t-il candidat à sa propre succession pour conserver ce bastion socialiste qu'est la ville d'Issoudun ? « Je donnerai ma décision début février 2020. Jusque-là, je suis maire, pas candidat », répond l'élu qui n'entend donc pas bousculer son calendrier habituel. « La politique nationale est une chose. Mais mon rôle en tant que maire est de mettre toute mon énergie à honorer les engagements pris devant mes électeurs. Pour le moment je suis en pleine forme et j'ai plein de projets en tête. Qu'en sera-t-il dans dix-huit mois ? Je ne peux pas le savoir. Indépendamment du fait de mon envie, je me poserai une seule question, le moment venu : celle de savoir si je peux être utile à Issoudun. Mais candidat ou pas, je ne serai pas loin. Voire tout près. Je n'abandonnerai jamais Issoudun, ce n'est un secret pour personne... »

 

Propos recueillis par Martine Roy pour la Nouvelle République.