« La Ville d’Issoudun reçoit avec gratitude la donation exceptionnelle, voulue par Madame Françoise Marquet-Zao, de la collection du peintre Zao Wou-Ki. C’est une donation triplement exceptionnelle, par la qualité de son donateur, un des plus grands peintres de son époque, par la diversité des oeuvres, ce sont 58 artistes représentatifs de la période, et par son ampleur, 90 oeuvres » a précisé André Laignel en accueillant Mme Françoise Marquet-Zao à Issoudun vendredi 2 octobre 2015.
Une donation exceptionnelle pour le musée de l’Hospice saint Roch à Issoudun.
Le Musée de l’Hospice Saint Roch à l’honneur d’annoncer la donation exceptionnelle qui lui est faite par Madame Françoise Marquet-Zao de l’intégralité de la collection particulière de Zao Wou-Ki (1920-2013) composée de 90 oeuvres, peintures, oeuvres sur papier et sculptures représentant 58 artistes. Cette donation a été présentée au conseil municipal d’Issoudun le 24 septembre et l’acte de donation est signé le 2 octobre 2015 à la Mairie d’Issoudun.
En 2008, le musée de l’Hospice Saint-Roch avait organisé une exposition d’oeuvres sur papier « L’encre,
l’eau, l’air, la couleur. Encres de Chine et aquarelles 1954-2007» qui présentait pour la première fois un des projets réalisés par Zao Wou-Ki pour l’opéra de Pékin de Paul Andreu.
Madame Françoise Marquet-Zao a souhaité faire cette donation en remerciement pour cette exposition et marque également ainsi son attachement à la région du Berry dont sa famille est originaire et où elle séjourne régulièrement chez un couple d’amis très chers.
La collection personnelle de Zao Wou-Ki rassemble 90 oeuvres (peintures, oeuvres sur papier et sculptures) où les années 1950 et 1960 sont particulièrement représentées. La majorité des artistes présents entrent pour la première fois dans les collections du musée, parmi lesquels Paul Klee, Antonin Artaud, ou Alberto Giacometti.
L’ensemble de la donation sera présenté au public dans une exposition du 11 Juin au 30 décembre 2016, accompagné d’un catalogue publié aux éditions Flammarion.
Zao Wou-Ki collectionneur
Toute sa vie Zao Wou-Ki a été collectionneur d’oeuvres de ses amis artistes (peintres et sculpteurs), par échange, don ou achat. L’amitié a présidé à la création de cette collection qui faisait partie de sa vie intime et n’a jamais été montrée à ce jour. Ces oeuvres jalonnent ainsi le parcours de Zao Wou-Ki à Paris et aux États-Unis, des galeries aux ateliers.
Il échange avec les amis rencontrés chez Pierre Loeb, avec lequel il est sous contrat de 1951 à 1957, et qui défend Antonin Artaud, dont Zao Wou-Ki achète un dessin. Mais également à la Galerie de France à partir de 1957 ou encore à la galerie de Samuel Kootz à New York, rencontré grâce à Pierre et Colette Soulages et avec lequel il travaille de 1957 à 1967.
L’ensemble de dix oeuvres de Henri Michaux a une place à part dans cette collection. Elles jalonnent une amitié fondatrice commencée en 1949 par l’écriture des textes de Michaux sur les premières lithographies de Zao Wou-Ki, jusqu’au décès de Henri Michaux en 1984.
Les voyages permettent aussi des achats comme à Berne en 1951 où Zao Wou-Ki acquiert l’aquarelle de Paul Klee (jeu d’écriture et de signes sur les lettres du prénom Emma), artiste dont l’influence l’amènera à l’abstraction.
En dehors des oeuvres d’artistes déjà rentrés dans l’histoire, les oeuvres de la donation sont un apport précieux sur les jeunes peintres des années 50 qui ont participé à la création de l’abstraction, français, européens et nord-américains.
Cette collection a été conçue par Zao Wou-Ki comme un ensemble ordonné, témoignant de l’importance de l’amitié pour lui, alors qu’il est éloigné de sa famille chinoise de 1948 à 1972.
Elle le désigne également comme un vrai collectionneur avec une idée déterminante dans le choix des oeuvres. Comme il l’a écrit, son choix s’est porté sur « des tableaux dans lesquels il y a des hésitations ou quelque chose en gestation ».
« J’aime mes amis comme je soigne chaque matin, à l’heure du petit déjeuner, en buvant du thé, les bonsaï, orangers et orchidées de ma salle à manger. Je cultive l’amitié car j’ai besoin de cette harmonie avec le monde extérieur. Ces amis, rencontrés dès 1949, dans la fidélité réciproque, m’ont aidé à m’enraciner dans ce pays, au point de ne plus penser retourner vivre en Chine » Zao Wou-Ki (in Autoportrait, 1988, Fayard, p. 95).