La dépêche de l'agence Reuters, datée du 20 octobre 2011, reprend les propos d'André LAIGNEL concernant les inquiétudes et le mécontentement des élus locaux liés au recul du service public ferroviaire.
La mise en place par la SNCF et Réseau Ferré de France (RFF) d'une nouvelle organisation horaire provoque l'inquiétude et le mécontentement de nombreux élus locaux et usagers de lignes déjà considérées comme "malades".
Les services techniques de la SNCF chargés du dossier du "cadencement" expliquent que 90% des horaires, contre 10 à 20% par an d'ordinaire, seront modifiés le 11 décembre.
"Nous avons cherché à répondre au mieux aux besoins des clients grâce à notre expertise qui va du Transilien quotidien aux grands week-ends de départ pour le ski en passant par le pic du 14 juillet", explique la compagnie nationale.
"Grâce au cadencement, un train qui relie Vierzon à Bourges partira, par exemple, à la minute 17 de chaque heure", précise Yann Le Floch, directeur du service ingénierie horaire à RFF.
"Tous les trains arrivent en même temps en gare et repartent dans un laps de temps très court. Ainsi, les correspondances ne deviennent plus anxiogènes. Si le client rate un train, il le retrouve dans la séquence suivante", ajoute-t-il.
Mais des associations d'usagers et des élus locaux qui verront leur offre de transport se réduire font connaître leur mécontentement au travers d'actions de sensibilisation, des réunions et des pétitions.
Une manifestation a ainsi bloqué mercredi soir les trains en gare de Blois (Loir-et-Cher), tandis qu'une réunion d'élus et d'usagers s'est tenue dans la banlieue d'Orléans (Loiret).
"On a le sentiment d'un véritable flou artistique", regrette Willy Colin, de l'Association des voyageurs usagers des chemins de fer (AVUC), qui est basée au Mans (Sarthe).
"Nous avons appris la mise en place du cadencement en plein été alors que nous venions porter une pétition pour protester contre les problèmes déjà existants. Et les autorités compétentes nous ont clairement fait savoir que les possibilités de changement seraient étudiées à la marge et qu'en gros le dossier était bouclé", explique-t-il.
Concrètement, la mise en place du cadencement devrait s'accompagner d'une suppression de nombreuses dessertes.
"Beaucoup d'habitants ont choisi leur lieu d'habitation en fonction de la desserte ferroviaire", dit Farid Benhammou, fondateur du Collectif de défense de gares du Val de Loire.
"Comment peuvent-ils supprimer d'un coup et sans concertation des arrêts essentiels aux salariés, aux lycéens, aux apprentis, bref, aux gens qui en ont le plus besoin et ceci, au mépris le plus total du Grenelle de l'Environnement?".
André Laignel, maire d'Issoudun (Indre) et secrétaire général de l'Association des Maires de France (AMF), affirme qu'à aucun moment les élus locaux n'ont été consultés sur ce "chantier considérable" géré de manière "technocratique".
Il estime que les changements horaires, sur son territoire, "contraindront des gamins à attendre près d'une heure avant d'entrer en cours".
"Quand les gens vont découvrir l'ampleur des difficultés, à l'image de la ligne Paris-Orléans-Châteauroux-Limoges-Toulouse, les manifestations vont fleurir", prédit-il.
Mais la SNCF tient bon, expliquant que le trafic ferroviaire est en perpétuelle augmentation.
"Il faut faire des choix sur tout. Mais un Paris-Toulouse ne peut naturellement pas s'arrêter partout, sans quoi il arriverait plus tard qu'auparavant", dit un responsable.
La compagnie insiste sur la concertation qui a été mise en place par les comités de lignes regroupant usagers, gestionnaires, autorité régulatrice et pouvoirs publics.
"Quand vous bougez des horaires, les gens disent spontanément que ça les dérange, que c'était mieux avant", explique un responsable des services techniques. "Mais en aucun cas nous ne pouvons accepter qu'une minorité active impose ses choix à la majorité et que des trains roulent pratiquement à vide pour les satisfaire."
"La mise en place de ce cadencement est une véritable révolution culturelle", renchérit Yann Le Floch. "Organiser ce ballet de trains les uns en cohérence avec les autres, comme c'est déjà le cas en Allemagne, en Suisse ou aux Pays-Bas, c'est un chantier qui sera, à terme, bénéfique pour tous.".
En France, 15.000 trains circulent chaque jour sur les 30.000 kilomètres de voies, dont 2.000 à grande vitesse.
En 2010, 10 millions de passagers ont été transportés quotidiennement sur les réseaux de proximité, contre 132 millions de voyageurs grandes lignes.
Deux milliards de voyageurs transitent chaque année par les 3.000 gares implantées sur le territoire français. En 2010 la SNCF, présente dans 120 pays, a réalisé un chiffre d'affaires de 30,5 milliards d'euros.
Ecrit par Mourad Guichard
Edité par Yves Clarisse