André Laignel, maire PS d’Issoudun (Indre), premier vice-président de l’Association des Maires de France répond aux questions du Parisien dans son édition du 9 novembre 2017.
Dans quel état d'esprit sont les élus locaux à quelques jours du congrès annuel des maires de France ?
Nous oscillons entre lassitude, résignation et colère. Nous avons cumulé les tours de vis budgétaires sous Sarkozy comme sous Hollande depuis tellement d'années. Ce que nous inflige le président Macron, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Baisse des dotations, suppression des contrats aidés… quels sont les principaux motifs de cette colère ?
L'annonce de la baisse des dépenses de fonctionnement des collectivités territoriales de 13 milliards sur cinq ans est insoutenable. On nous demande aussi de baisser notre stock de dette en cinq ans de 40 % ! Sans compter la suppression de la taxe d'habitation qui, contrairement à ce qu'affirme le gouvernement, ne sera pas compensée dans la durée. C'est une fable ! La fonction publique territoriale qui sera rabotée de 70 000 postes, la suppression des emplois aidés, la baisse des APL… Tout cela nous place dans l'incapacité de moderniser nos territoires. La coupe est pleine.
Le gouvernement vous reçoit pourtant par petits groupes à l'Elysée et à Matignon pour renouer le dialogue…
C'est sans doute parce que l'exécutif tente de nous diviser. C'est peine perdue. On a passé l'âge de se faire bercer. Nous sommes des adultes et on nous traite comme des enfants. Quand vous cumulez l'étouffement des fonctionnements, l'affaiblissement des ressources humaines, le rationnement des emprunts et l'assèchement fiscal, ça veut dire que la République décentralisée n'existe plus que sur le papier.
Emmanuel Macron considère-t-il les élus ?
Nous ne lui faisons pas de procès d'intention. Le président nous a écoutés. Mais nous n'avons pour l'instant aucune réponse. A-t-il la volonté de transformer les collectivités territoriales en simples sous-traitants du gouvernement ? Je pose la question. On nous dit inefficaces, dépensiers et trop nombreux alors que la situation n'a jamais été aussi grave. Je note au regard de certains propos de ministres que nous sommes entrés dans un temps de mépris.
Quel accueil réserverez-vous au président lors du congrès ?
Un accueil républicain, comme c'est la tradition à chaque congrès. Mais la réaction de la salle dépendra de son message.
Propos recueillis par Myriam Encaoua.