Au moment où le Congrès des Maires de France débute à Paris du 24 au 27 novembre 2014, André Laignel réagit dans les colonnes de Communes de France dans la publication du 18 novembre dernier.
" Ce Congrès des Maires de France est important parce qu’il est le premier du mandat et que de nombreux nouveaux maires y participent ; important parce que beaucoup d’entre nous s’interrogent sur l’avenir des communes, alors que leur rôle est toujours plus essentiel dans la mise en œuvre des politiques de proximité et que le maire est de plus en plus souvent le premier recours et le dernier espoir de nos concitoyens dans la difficulté.
La réforme territoriale et l’avenir de nos finances sont, bien sûr, au cœur des préoccupations du Congrès.
L’actuel projet de réforme territoriale porte de graves dangers pour les communes, le principal étant celui de leur « évaporation ». Cela se traduit par une série de mesures visant à substituer l’intercommunalité à l’échelon communal : transfert obligatoire de compétences ; suppression de la libre définition de l’intérêt communautaire par les communes ; risque d’extension à 20 000 habitants du seuil minimum et élection au suffrage direct des intercommunalités, ce qui mettrait évidemment en danger l’existence même des communes.
La coopération intercommunale est une nécessité, mais elle doit rester un outil au service des communes et non l’instrument de leur extinction.
Dans ces temps où les Citoyens doutent, où le recul démocratique est plus qu’inquiétant, la commune et son maire doivent plus que jamais rester l’échelon de proximité, de solidarité et de citoyenneté.
L’autre inquiétude, c’est le risque d’étouffement financier, de paralysie de l’action. Engagé il y plusieurs années par la suppression brutale de la taxe professionnelle, le gel des dotations puis leur baisse, la capacité d’action des communes est compromise. Nous avons conscience que l’état financier de la France, largement hérité des gestions précédentes, nécessite des efforts. Encore faut-il que les économies soient supportables, négociées et non imposées.
11 milliards de baisse de dotations sur les trois ans à venir, alors que les charges obligatoires ne cessent d’augmenter, ne mettront pas seulement à mal nos collectivités, mais aussi le Pays.
Comment répondre aux appels en faveur de la refondation de l’école, du logement, de la petite enfance, de la transition énergétique… - toutes politiques que nous approuvons -, alors que les moyens nous sont soustraits ? Comment ne pas mettre en panne les investissements, alors qu’ils sont la plus immédiate variable d’ajustement ? Chacun de nous attend du Premier ministre qu’il réaffirme la place de la commune et son soutien à l’investissement public, piliers de la République décentralisée et puissants leviers de progrès et de relance du Pays.
Avec audace et imagination, donnons aux communes la liberté d’agir, elles sauront l’utiliser avec discernement et efficacité au service des citoyens."
André LAIGNEL
Maire d’Issoudun,
Premier vice-président délégué de l’AMF,
Ancien ministre.