Dans l’éditorial publié dans le numéro 233 de « Communes de France » en date du 8 novembre, André Laignel revient sur les enjeux du tout prochain Congrès des Maires de France.
"A la veille du Congrès des maires, je constate que les interrogations de nos élus se portent désormais sur l’avenir même de la commune. Le shakespearien To be or not to be ? résume bien la question, tant les nuages s’accumulent.
Une première source d’inquiétudes est le glissement continu de l’intercommunalité vers la supracommunalité. J’affirme que l’intercommunalité, en tant que coopération librement choisie, est un outil efficace pour faire ensemble ce que nous ne pouvons faire seuls et moderniser nos territoires. Mais cet outil est trop souvent détourné de sa vocation initiale par la dilution progressive des communes : extension des périmètres, transfert obligatoire de compétences, “intercommunalisation” des finances,… Imposé de manière uniforme, cela relève d’une stratégie visant à vider nos communes d’une large part de leur liberté avec l’objectif sous-jacent de passer à la supracommunalité.
Le second risque est bien évidemment lié à l’assèchement de nos ressources financières. La forte baisse des dotations, qui intervient après la suppression brutale de la taxe professionnelle décidée par Nicolas Sarkozy – qui fut à l’évidence le plus mauvais coup porté à nos finances –, a conduit beaucoup d’entre nous à renoncer à des investissements nécessaires et parfois à réduire l’offre de services essentiels pour la qualité de vie des citoyens. Pour que vive le socialisme municipal, il nous faut garder les moyens de répondre aux attentes des citoyens afin d’être un levier de la croissance et de la relance.
L’ironie du sort fait que ces menaces et bouleversements interviennent dans un moment où les Maires ont joué leur rôle naturel de piliers de la République. Qu’il s’agisse, à la suite des attentats de janvier, de raviver les valeurs qui unissent la Nation, en particulier la laïcité, fondement et condition du “vivre ensemble” ; de répondre au défi climatique et agir pour la réussite de la COP 21 ; d’organiser la solidarité face aux drames qui frappent des populations victimes de catastrophes ou fuyant l’horreur des famines et des guerres… les maires, et particulièrement les maires de gauche, ont été en première ligne, assumant leurs missions avec responsabilité et fierté.
Par fidélité à nos valeurs et notre histoire, nous devons aujourd’hui réaffirmer que la commune – ancienne ou “nouvelle” - doit rester le lieu de la proximité, porteur d’un lien social de plus en plus fragilisé. C’est le message que je porte depuis de nombreuses années au sein du Parti socialiste, c’est le message que je porterai au Congrès des maires au nom de notre famille politique."
André Laignel, 1er VP délégué de l’Association des maires de France, président du Comité des finances locales, maire d’Issoudun