André Laignel, qui présidait le 19 mai 2015 une réunion du Comité des finances locales, est inquiet : le citoyen sera la première victime de la baisse des dotations de l’Etat. L’AMF rencontre Manuel Valls le 28 mai.
Interview publiée dans les colonnes du Progrès et de l'Est Républicain en date du 20 mai 2015
Les communes vont cette année augmenter les impôts locaux de 1,6 % en moyenne. Vous trouvez cela satisfaisant ?
Ce n’est jamais satisfaisant. Mais nous sommes dans une situation particulière, face à une baisse des dotations de l’Etat qui représente 28 milliards d’euros de ressources cumulées sur quatre ans.
Nous tirons vraiment le signal d’alarme ! Beaucoup de collectivités vont être dans une très grande difficulté. Et la première réponse sera de baisser les investissements…
Ou d’augmenter les impôts…
Le risque est faible, augmenter les impôts n’est jamais populaire, c’est vraiment le dernier recours. Mais il faut comprendre que, si on n’investit plus, c’est la modernisation du territoire qui est en panne, et on en voit les effets désastreux en Allemagne.
Et si l’on choisit d’économiser sur les dépenses de fonctionnement, cela veut dire fermer des services publics : n’ouvrir la piscine municipale que trois jours sur sept, réduire le nombre de places dans les crèches… C’est ça concrètement, pour le citoyen, le résultat de la baisse des dotations.
Le gouvernement ne va pas revenir sur la baisse des dotations…
Le montant en a été fixé dans un accord européen, nous savons que cela engage la signature de la France. On peut trouver d’autres voies et moyens de redonner de l’air aux collectivités locales, et donc à l‘économie française.
Et les dépenses de personnel : les hôpitaux revoient les 35 heures, et vous ?
Il ne serait pas de bonne politique de faire payer aux fonctionnaires territoriaux les dérives de l‘Etat. Remettre en cause les acquis sociaux n’est certainement pas la bonne réponse.
Soutenez-vous la réforme de la DGF (dotation globale de fonctionnement) ?
La DGF est illisible, opaque et injuste, il faut donc la faire évoluer. Mais réformer la DGF en baissant les dotations de l’Etat, cela veut dire une réforme où il n’y aurait que des perdants ! Regardons ce qu’on peut faire dès 2016, mais soyons réalistes, on ne pourra pas tout faire.
Propos recueilli par Francis BROCHET