Elections législatives : réaction d'André Laignel

 

Les résultats de dimanche soir m’interpellent en tant que citoyen, mais aussi en tant que maire d’Issoudun et Premier Vice-Président de l’Association des maires de France.

Outre la preuve que la gauche est forte quand elle est unie, outre le véritable échec subi par la majorité présidentielle, les deux faits politiques des élections législatives sont le niveau de l’abstention et le score de l’extrême droite. Ce sont deux symptômes d’un même mal qui frappe notre pays depuis bien longtemps : une crise démocratique qui conduit de plus en plus de nos concitoyens à exprimer leur colère légitime en rejetant les institutions représentatives.

Les raisons sont évidemment multiples et souvent profondes, entre avenir incertain et augmentation du coût de la vie. Mais le Président de la République et sa majorité ont une responsabilité indéniable dans la situation actuelle. En asséchant le débat aux présidentielles puis aux législatives, en refusant d’appeler clairement à faire barrage au RN, en ne répondant pas aux aspirations pour plus de justice sociale (dont la crise des gilets jaunes était un signe avant-coureur), le pouvoir actuel est le premier catalyseur de la radicalité politique qui s’exprime aujourd’hui. 

Telles qu’elles fonctionnent aujourd'hui, nos institutions ne permettent pas d’affronter efficacement les nombreux défis auxquels nous devons faire face : guerre en Ukraine, hausse du prix des matières premières, adaptation au changement climatique, gestion de la dette... En effet, à la lourdeur endémique d’un Etat qui veut continuer à tout faire malgré les affres de l’austérité, s’ajoute désormais une difficulté supplémentaire : une Assemblée nationale éclatée et donc difficilement gouvernable. Le temps et l’ardeur passés à passer des accords avec les différents groupes politiques seront autant d’énergie perdue pour répondre aux besoins urgents du pays.

La solution passe par une refonte complète de nos institutions qui passe nécessairement par une relance de la décentralisation. Je suis profondément attaché à l’Etat et c’est pour cela que je souhaite qu’il puisse exercer pleinement ses missions régaliennes et de solidarité. En revanche, les collectivités locales ont suffisamment fait la preuve de leur capacité à agir vite et bien, pour ne pas repousser plus longtemps l’avènement d’une nouvelle étape de décentralisation qui fasse la part belle aux libertés locales.

Notre démocratie est au bord de l’asphyxie et la proximité est le moyen le plus sûr de lui redonner de l’oxygène.

 

André LAIGNEL