Congrès des Maires : une confiance à reconquérir.

C'est dans un climat difficile et même parfois tendu, avec des élus locaux souvent lassés voire exaspérés, que s'ouvre le Congrès des maires de France aujourd'hui. Il y a, bien entendu, l'étouffement financier engagé pendant plusieurs années par MM. Sarkozy et Fillon : suppression de la taxe professionnelle, gel des dotations... et maintenant, pour 2014 et 2015, une baisse de 1,5 milliard (rappelons que Sarkozy et l'UMP avainet pour leur part annoncés moins 2 milliards par an), alors que dans le même temps les charges des communes ne cessent de s'alourdir : augmentation des coûts de personnel, Grenelle de l'environnement, accessibilité, nouveaux rythmes scolaires, hausse de la TVA... Autant de réformes, dont beaucoup sont positives, mais toutes grèvent nos budgets.

 

Ces difficultés fiancières auront obligatoirement des répercissions sur la qualité des services publics de proximité qui sont une richesse du modèle français, mais aussi sur la modernisation nécessaire de nos territoires. Il y a un véritable risque d'une panne sévère des investissements publics, alors que 71 % d'entre eux sont réalisés par les collectivités territoriales. Une telle panne serait, disons-le clairement, très grave pour l'économie nationale et donc l'emploi.

Il y a également de nombreux textes actuelement débattus qui donnent le sentiment d'une volonté d'affaiblir voire de diluer la commune dans l'intercommunalité. Il en est ainsi du Plan Local d'Urbanisme (PLU) que l'on voudrait rendre obligatoirement intercommunal, de la mutualisation qui ne pourrait se faire que de manière "descendante", de l'intercommunalité vers la commune, privant ainsi les maires de l'essentiel de leur personnel. Tout cela peut justifier si c'est le résultat d'une volonté locale librement exprimée, mais est insupportable si c'est technocratiquement imposé.

Des maires sans personnel, aux compétences réduites et aux finances limitées : que resterait-il de leurcapacité à répondre aux attentes de leurs concitoyens qui eux, au contraire, réclament plus de proximité et de services ? Faire de la Commune une vassale de l'intercommunalité est un non-sens. Seule une Commune forte dans une intercommunalité de projet peut maintenir ce lien si précieux dans notre société éclatée et parfois déshumanisée entre le maire et le citoyen.

Nous avions apprécié, lors des "Etats généraux de la démocratie territoriale" organisés par le Sénat, que le Président de la République affirme que "la commune était irremplaçable" et que les collectivités locales "n'étaient pas une charge pour le Pays", mais "un atout pour réussir le redressement".

Ceci est vrai un an après ce riche discours dont les maîtres mots étaient : liberté, justice et confiance, cette confiance indispensable à reconquérir. Il faut passer des paroles aux actes. C'est ce qu'attendent les Maires de France.