"Confiance et audace" pour le 95ème Congrès des Maires de France

Au moment où s'ouvre le 95ème Congrès des Maires et des Présidents de Communautés de France, je souhaite placer ce Congrès dans une démarche prospective. Après des années pendant lesquelles la droite nous a dit que les collectivités locales étaient trop nombreuses, trop coûteuses, trop endettées, bref un fardeau pour la Nation, comment ne pas apprécier à sa juste valeur le changement de ton dont le Président de la République et le gouvernement, issus des élections de mai et juin 2012, nous ont donné maints exemples.

Oui, nous apprécions que le Président de la République ait dit, en clôture des Etats généraux de la démocratie territoriale initiées par le Sénat, que les collectivités locales « n’étaient pas une charge » pour le Pays, « mais un atout pour réussir le redressement ».

Oui, nous apprécions que le Président ait souligné que notre « dette est restée stable » quand celle de l’Etat a explosé ces cinq dernières années, rappelant également que nous n’empruntions que pour investir et que nous portons plus de 70% des investissements publics et donc l’essentiel de la modernisation de nos territoires.

Toutefois, comment concilier l’engagement présidentiel d’une « discussion ouverte, sereine, respectueuse sur les concours financiers de l’Etat », avec l’annonce, sans consultation préalable, d’une baisse des dotations pour la période 2013-2015 : moins 2,250 –ce qui est, certes, beaucoup moins que la baisse de 2 milliards par an qui nous était promise par le précédent Président ! - ?

Tous les maires et les élus  ont conscience de l’état dans le quel se trouve notre Pays ; il n’en est pas un qui ne souhaite son redressement. Mais est-ce en continuant à nous appliquer un garrot financier, en affaiblissant, après plusieurs années d’un même  régime, nos capacités d’action, que nous pourrons contribuer avec le plus d’efficacité au redressement de la France ?

Quand le Président affirme que « sans les collectivités locales, pas de solidarité, pas d’actions économique », il montre sa grande compréhension du rôle que nous pouvons et devons jouer.

Ce Congrès des Maires de France des 19, 20, 21 et 22 novembre 2012 nous permettra de réaffirmer que les élus locaux, piliers de la République décentralisée veulent porter la solidarité et la croissance pour leurs territoires.

Il est vrai qu’il n’y a pas une semaine sans qu’on nous demande d’être au côté de l’Etat : c’est la refondation de l’école et nous y sommes attachés ; c’est l’action environnementale, décisive ; la transition énergétique, indispensable ; la création d’emplois d’avenir, nécessaire pour redonner confiance à une jeunesse et leur famille… Mais avec quels moyens agir ?

Le premier des moyens, dont nous avons besoin, et qui devrait être au cœur de la nouvelle loi de décentralisation, porte le beau nom de Liberté : elle sera le gage de la confiance retrouvée.

Liberté d’action : moins de tutelles, moins de normes…

Liberté financière : autonomie fiscale, accès au crédit…

La confiance entre l’Etat et les collectivités, que le Président et le Gouvernement appellent de leurs vœux, nous y croyons et souhaitons un véritable « Pacte » la concrétisant : cette nouvelle étape de décentralisation, marquée par l’audace, nous l’attendons et la voulons.

Pour nous, la confiance et l’audace portent un même nom : liberté !

 

André LAIGNEL