Après avoir dit qu’il ne prononcerait pas un « discours », le Président de la République a présenté hier dans une intervention de plus d’une heure et demie sa vision et ses orientations pour les quartiers – précisant « ceci n’est pas un plan banlieues » –. C’est Magritte à l’Elysée !
Derrière le brouillard du vocabulaire et les artifices de communication, c’est une caricature de nos banlieues à laquelle nous avons eu droit. Le Président a centré son propos sur l’insécurité, le trafic de drogue, le terrorisme… Autant de sujets réels mais qui ne sauraient en aucun cas être l’image essentielle de nos quartiers en difficulté. Ceux-ci sont d’abord le lieu d’une vie difficile pour des millions de nos concitoyens marqués par le chômage, la précarité, des logements et des transports insuffisants, une éducation trop souvent au rabais compte tenu des moyens réclamés justement par les enseignants et les parents d’élèves.
Par ailleurs, monsieur Macron a froidement douché les espoirs qu’avaient légitimement inspirés le rapport de Jean-Louis Borloo. De fait, il a tourné le dos au travail de l’ancien maire de Valenciennes, qui avait étroitement associé les élus locaux et les associations afin de promouvoir une image renouvelée de nos territoires défavorisés.
Les maires, qui vivent au quotidien la réalité de ces quartiers, pensaient qu’au-delà du discours sur les difficultés, seraient aussi mis en avant les gisements d’excellence et le potentiel de progrès que recèlent ces quartiers. C’est raté ! Pire encore, dans son anti-plan, le Président a surtout stigmatisé et les banlieues et leurs élus, coupables d’un supposé « clientélisme ».