Accueil des réfugiés : les maires ne cèderont pas face aux groupuscules d’extrême-droite

Callac, Saint-Brevin-les-Pins, Bélâbre, … : depuis plusieurs semaines, je suis saisi par de nombreux maires et conseillers municipaux qui subissent une pression insupportable de la part d’activistes d’extrême-droite, instrumentalisant l’opposition à l’accueil de réfugiés. Intimidations physiques ou verbales, harcèlement sur les réseaux sociaux, menaces de mort, manifestations sauvages : ces groupuscules radicalisés utilisent tous les moyens pour déstabiliser les élus et perturber la concorde locale.

 

Notre démocratie, qui s’honore à organiser l’expression pacifique d’opinions divergentes, ne peut tolérer ces lâches agissements et je souhaite que des peines exemplaires endiguent leur propagation. En effet, la méthode utilisée reposant sur des agitateurs extérieurs à la commune dont la haine est attisée par des formations politiques, témoigne d’une stratégie délibérée visant à intimider l’ensemble des maires de France.

 

Ces faits sont d’autant plus graves qu’ils s’inscrivent dans un contexte déjà hostile marqué par la forte augmentation des agressions contre les élus et le rejet des institutions. La multiplication des crises accroit le désarroi de nos concitoyens et les élus locaux deviennent souvent les exécutoires des colères populaires. Si les maires font face et mettent leur énergie pour maintenir la cohésion sociale, ils sont de plus en plus nombreux à renoncer prématurément à leur mandat, comme en atteste la forte progression des démissions.

 

Je tiens à rappeler que l’accueil des réfugiés ayant obtenu l’asile politique est avant tout une obligation légale pour notre pays. Une fois accueillis en France, les femmes et les hommes mis à l’abri doivent pouvoir bénéficier des conditions favorables pour reconstruire leur vie après avoir souvent tout abandonné. C’est ce à quoi s’attachent les maires qui, comme moi, se servent de la connaissance fine de leur territoire pour proposer à l’Etat des solutions efficaces en harmonie avec les réalités locales.

 

Plus encore, l’accueil de réfugiés fuyant la guerre et les sévices relève à mon sens d’un impératif moral. C’est pourquoi, je veux saluer le volontarisme et l’énergie des élus qui, guidés par des valeurs humanistes, ont, ces dernières années, accueilli des Ukrainiens, des Syriens, des Iraniens, des Afghans, …

 

La haine bien organisée d’un petit noyau d’agités ne doit pas ternir le précieux réseau de solidarité que tissent patiemment tous les jours les maires de France.

 

2 mars 2023

 

André LAIGNEL

Maire d’Issoudun

Premier vice-président délégué de l’Association des Maires de France